Quand je pense à cette période, je demeure bien admirative des efforts consentis par nos prédécesseurs pour obtenir toutes ces conquêtes sociales. Voici un petit historique des progrès accomplis en la matière.
* 1936 : Accords de Matignon : Obtention de 2 semaines de Congés payés
* 1956 : Suite aux Accords de Renault : Obtention de la 3ème semaine de Congés payés
* 1968 / 69 : Accords de Grenelle : Obtention de la 4ème semaine de Congés payés
* 1982 : Obtention de la 5ème semaine
Je crois hélas que cela s'arrêtera là...
Voici le témoignage d'Henriette Duval, 86 ans aujourd'hui:
«J'ai quitté l'école à 13 ans, après le certificat d'études. Je voulais apprendre la couture, alors on m'a mis comme arpette dans un atelier du quartier. Arpette, vous êtes là pour ramasser les épingles et faire les courses des dames ! En 1936, j'étais une petite couturière de quartier, je faisais des rideaux. J'aidais aussi ma mère, qui était blanchisseuse. Mon père était forgeron-serrurier dans une toute petite entreprise.
«Huit jours payés, c'était le rêve. Tout le monde a pris son vélo et est parti à droite ou à gauche. Partir en train, ça coûtait cher, et puis on n'avait pas les moyens de se payer l'hôtel sur place. Mon père m'a emmenée à la campagne. Il avait acheté un terrain à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne, et construit une cabane en bois. Ensuite, il l'a transformée en vraie maison. On est partis là-bas en vélo, c'était vraiment la campagne à 25 kilomètres de Paris, il y avait des champs, un berger avec ses moutons. On allait dans les fermes chercher des oeufs et du lait, on partait se baigner dans la Marne. Tous les voisins se connaissaient, ils avaient tous acheté un petit bout de terrain dans le coin. Mon père jardinait, il avait planté des pommes de terre. Il me racontait que, de son temps, on travaillait même le dimanche matin. Nous, à ce moment-là, on était bien heureux d'avoir les samedis après-midi, la «semaine anglaise» comme on disait. Il y avait des trains de plaisirs pour aller à Dieppe ou Trouville, à la plage. On partait le dimanche matin, et on rentrait le soir, tout fatigués et tout contents.»
Voici encore le témoignage de Georges Gérardin:
«Le dernier jour de travail, juste avant les congés, à 18 heures, je me souviens que toutes les usines ont arrêté la production, les sirènes, les "gueulards" et les sifflets à vapeur ont tous sonné à la même heure. Les ouvriers s'étaient donné rendez-vous devant les Aciéries du Nord, et ils ont couru à pied ou pédalé jusqu'à la gare. Je les ai regardés passer de ma rue. C'était l'ébullition. Il y avait de la musique. La fanfare était de sortie, certains ouvriers s'étaient amusés à attacher des valises sur le porte-bagages de leur vélo et sur ces valises avaient écrit à la craie des noms de villégiatures, comme les plages du Nord, "Blankenberge" ou même "Nice" mais là c'était juste pour rigoler. C'est grâce aux congés payés que sont apparus les tandems, et les petites charrettes accrochées à l'arrière du vélo pour voyager. Ces congés, c'était un mouvement de folie."
Excellente soirée à vous et à nos visiteurs.