Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mar 8 Fév - 23:41
Merci Domi, C'est un poème très émouvant,ces mots sont vrais ,réels ,je pense que c'était un poème dédié à sa fille . La vidéo est vraiment une réussite . Bonne soirée Domi ,et aux visiteurs.
oasien
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Lun 14 Fév - 23:00
Victor Hugo, ce poète qui nous a accompagné pendant des années et des années et continue à nous côtoyer par ses vers si doux et si émouvants et qui sont tantôt des réminiscences heureuses, tantôt de douloureux cris de désespoir, par son voyage vers les souvenirs et vers la mort, le voyage dans le temps et dans l'espace, et qui transforment ce poème en poème d'amour, et il l'est, puisqu'il s'agit d'un amour paternel qui le conduit vers la tombe de sa fille où il dépose des fleurs qui font vivre éternellement cette fille qui dort dans sa tombe.
Domi Admin
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mar 15 Fév - 22:57
Bonsoir Khalil, tu as raison, tout comme Dalila. Ce poème exalte l'amour paternel de Victor Hugo pour Léopoldine, disparue tragiquement, dans la fleur de l'âge, avec son mari' lors d'une promenade en barque. Il ne s'en est jamais remis. Lorsqu'on lit le poème, on a l'impression que le poète se rend à un rendez-vous amoureux, puis, très vite, le malaise transparaît..Il est très émouvant. On ne se console jamais de la perte d'un être cher.
J'ai retrouvé une lettre qu'il lui avait écrite, alors que celle-ci avait 10 ans.
A Léopoldine
Bonjour, ma Poupée, bonjour, mon cher petit ange. Je t’ai promis de t’écrire. Tu vois que je suis de parole.
J’ai vu la mer, j’ai vu de belles églises, j’ai vu de jolies campagnes. La mer est grande, les églises sont belles, les campagnes sont jolies; mais les campagnes sont moins jolies que toi, les églises sont moins belles que ta maman, la mer est moins grande que mon amour pour vous tous.
Ma Poupée, j’ai donné bien des fois, en pensant à vous, mes petits, des sous à de pauvres enfants qui allaient pieds nus au bord des routes. Je vous aime bien.
Encore quelques heures, et je t’embrasserai sur tes deux bonnes petites joues, et mon gros Charlot, et ma petite Dédé qui me sourira, j’espère, et mon pauvre Toto l’exilé.
A bientôt, ma Didine. Garde toujours cette lettre. Quand tu seras grande, je serai vieux, tu me la montreras, et nous nous aimerons bien; quand tu seras vieille, je n’y serai plus, tu la montreras à tes enfants et ils t’aimeront comme je t’aime. A bientôt.
Dernière édition par Domi le Mer 16 Fév - 1:20, édité 1 fois
oasien
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mar 15 Fév - 23:56
Comment peut être une lettre écrite par un poète, et quel poète!! Comme est magnifique cette phrase:" la mer est moins grande que mon amour pour vous tous." C'est très poétique et très émouvant : "Garde toujours cette lettre. Quand tu seras grande, je serai vieux, tu me la montreras, et nous nous aimerons bien; quand tu seras vieille, je n’y serai plus, tu la montreras à tes enfants et ils t’aimeront comme je t’aime." L'enchainement des générations et son acceptation, car, un jour ou l'autre, on ne sera plus là, mais nos enfants y seront, puis ainsi de suite. C'est la vie, mais que nous rendons paisible par ce que nous laissons derrière nous, par ce que nous avons gravé tout au long de notre vie et que nos enfants vont se le transmettre.
Domi Admin
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 0:09
Oui Khalil, c'est très émouvant et attendrissant, tout comme ta manière d'expliquer la fuite du temps et la succession des générations. A lire les témoignages et les écrits qu'il a laissés, on s'aperçoit qu'il était un père et grand-père merveilleux Il écrivait à propos de son petit-fils: " Petit Georges va bien. Il tête maintenant les deux seins. Il a longtemps voulu ne téter que le sein gauche. Tendance démocratique… ". Le 6 juillet 1870, c’est au tour de Jeanne, qui : " a fait pipi sur moi, c’est la seconde fois ", et le 31 juillet, " Mon petit Georges (…) a trouvé pour moi ce nom de Papapa ".
Ces enfants lui inspirent à Guernesey, quelques jours plus tard, le poème Georges et Jeanne (8 août 1870) : " Moi qu’un petit enfant rend tout à fait stupide, J’en ai deux ; George et Jeanne, et je prends l’un pour guide Et l’autre pour lumière, et j’accours à leur voix, (…) " Il seront pour Hugo une présence indispensable, et il leur prodigue une joyeuse attention. Le 21 février 1871 ; il note : " Je promène Petit Georges et Petite Jeanne à tous mes moments de liberté. On pourrait me qualifier ainsi : V. H. représentant du peuple et bonne d’enfants ". Comme témoignage " extérieur ", nous avons ce récit des Goncourt, le 5 août 1873 : " La tête mélancolique du petit garçon, la tête futée de la petite Jeanne ; et avec la petite Jeanne, les rires joyeux, les familiarités attouchantes, les gestes tapageants, les adorables coquetteries de 4 ans " Personnellement, j'aime beaucoup celui-ci:
Jeanne songeait
Jeanne songeait, sur l'herbe assise, grave et rose ; Je m'approchai : - Dis-moi si tu veux quelque chose, Jeanne ? - car j'obéis à ces charmants amours, Je les guette, et je cherche à comprendre toujours Tout ce qui peut passer par ces divines têtes. Jeanne m'a répondu : -je voudrais voir des bêtes. Alors je lui montrai dans l'herbe une fourmi. Vois ! - Mais Jeanne ne fut contente qu'à demi. - Non, les bêtes, c'est gros, me dit-elle.
Leur rêve, C'est le grand. L'océan les attire à sa grève, Les berçant de son chant rauque, et les captivant Par l'ombre, et par la fuite effrayante du vent ; Ils aiment l'épouvante, il leur faut le prodige. - Je n'ai pas d'éléphant sous la main, répondis-je. Veux-tu quelque autre chose ? ô Jeanne, on te le doit ! Parle. - Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt. - Ça, dit-elle. - C'était l'heure où le soir commence. Je vis à l'horizon surgir la lune immense.
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oasien
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 0:25
Il fut un bon papa tendre, attentif aux désirs et à l'évolution de ses enfants et cela ne m'étonne pas d'un poète dont les sentiments débordent pour embrasser tout ce qui l'entoure. Dans tous ses écrits, poèmes ou roman, l'amour jaillit de ses mots, de ses phrases, dans le comportement et l'acte de ses personnages comme dans " les misérables" avec Jean Valjean et Cosette.
Domi Admin
Nombre de messages : 498 Date d'inscription : 02/05/2009
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 0:39
Oui, tu as raison Khalil et tu fais bien de rappeler ses personnages de Cosette et surtout celui de Jean Valjean, plein d'humanité, de bonté... Le poème les pauvres gens et bien d'autres encore, ne font que confirmer le charisme de Victor Hugo. Je suis heureuse d'avoir pu retrouver tout cela grâce à toi et je t'en remercie. Bonne nuit à toi, à Dalila et à nos amis.
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 0:51
ça fait 2 fois que j'essaie de poster ,et je perds mon article ,ça dit qu'un autre message a été posté en même temps ,il n'y a pas moyen de récupérer quand ça arrive ? J'abandonne pour le moment ,bonne soirée Domi et Khalil .
Domi Admin
Nombre de messages : 498 Date d'inscription : 02/05/2009
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 0:57
Quel dommage Dalila! Cela m'est arrivé une fois sur le forum. C'est vrai que c'est énervant. C'est pourquoi maintenant je fait une copie de ce que je viens d'écrire. Bon, ne t'énerve pas, demain est un autre jour. Passe une bonne nuit.
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Mer 16 Fév - 23:25
Bonsoir Domi,merci pour ta gentillesse. Hier soir je te disais que j'ai beaucoup aimé la lettre ,elle est si tendre et émouvante. Ce grand Monsieur avait dans son coeur un océan d'amour. Je me souviens des misérables ,j'adorais ce film ,lorsque j'étais p'tite ,j'aimais beaucoup, le passage où Jean Valjean achète la poupée à Cosette. Il est beau ce musée ,j'aimerai ben le visiter un jour . Je vais essayer de mettre le poème que je voulais déposer hier soir. Et un autre, que je ne connaissais pas ,Victor Hugo aimait sûrement l'Islam . Bonne soirée Domi ,et tous nos visiteurs ,j'aimerai bien que des nouvelles personnes s'inscrivent . Vous êtes les bienvenus .
Victor HUGO (1802-1885)
Crépuscule
L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ? Vous qui passez dans l'ombre, êtes-vous des amants ? Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines; L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants.
Que dit-il, le brin d'herbe ? et que répond la tombe ? Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe; Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.
Dieu veut qu'on ait aimé. Vivez ! faites envie, O couples qui passez sous le vert coudrier. Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie, On emporta d'amour, on l'emploie à prier.
Les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles. Le ver luisant dans l'ombre erre avec son flambeau. Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles, Le brin d'herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.
La forme d'un toit noir dessine une chaumière; On entend dans les prés le pas lourd du faucheur; L'étoile aux cieux, ainsi qu'une fleur de lumière, Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.
Aimez-vous ! c'est le mois où les fraises sont mûres. L'ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents, Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures, Les prières des morts aux baisers des vivants.
Les Djinns
Murs, ville Et port, Asile De mort, Mer grise Où brise La brise Tout dort.
Dans la plaine Naît un bruit. C'est l'haleine De la nuit. Elle brame Comme une âme Qu'une flamme Toujours suit.
La voix plus haute Semble un grelot. D'un nain qui saute C'est le galop. Il fuit, s'élance, Puis en cadence Sur un pied danse Au bout d'un flot.
La rumeur approche, L'écho la redit. C'est comme la cloche D'un couvent maudit, Comme un bruit de foule Qui tonne et qui roule Et tantôt s'écroule Et tantôt grandit.
Dieu! La voix sépulcrale Des Djinns!... - Quel bruit ils font! Fuyons sous la spirale De l'escalier profond! Déjà s'éteint ma lampe, Et l'ombre de la rampe.. Qui le long du mur rampe, Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe, Et tourbillonne en sifflant. Les ifs, que leur vol fracasse, Craquent comme un pin brûlant. Leur troupeau lourd et rapide, Volant dans l'espace vide, Semble un nuage livide Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près! - Tenons fermée Cette salle ou nous les narguons Quel bruit dehors! Hideuse armée De vampires et de dragons! La poutre du toit descellée Ploie ainsi qu'une herbe mouillée, Et la vieille porte rouillée, Tremble, à déraciner ses gonds.
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure! L'horrible essaim, poussé par l'aquillon, Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure. Le mur fléchit sous le noir bataillon. La maison crie et chancelle penchée, Et l'on dirait que, du sol arrachée, Ainsi qu'il chasse une feuille séchée, Le vent la roule avec leur tourbillon!
Prophète! Si ta main me sauve De ces impurs démons des soirs, J'irai prosterner mon front chauve Devant tes sacrés encensoirs! Fais que sur ces portes fidèles Meure leur souffle d'étincelles, Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes Grince et crie à ces vitraux noirs!
Ils sont passés! - Leur cohorte S'envole et fuit, et leurs pieds Cessent de battre ma porte De leurs coups multipliés. L'air est plein d'un bruit de chaînes, Et dans les forêts prochaines Frissonnent tous les grands chênes, Sous leur vol de feu pliés!
De leurs ailes lointaines Le battement décroît. Si confus dans les plaines, Si faible, que l'on croit Ouïr la sauterelle Crier d'une voix grêle Ou pétiller la grêle Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes Nous viennent encor. Ainsi, des Arabes Quand sonne le cor, Un chant sur la grève Par instants s'élève, Et l'enfant qui rêve Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres, Fils du trépas, Dans les ténèbres Pressent leur pas; Leur essaim gronde; Ainsi, profonde, Murmure une onde Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague Qui s'endort, C'est la vague Sur le bord; C'est la plainte Presque éteinte D'une sainte Pour un mort.
On doute La nuit... J'écoute: - Tout fuit, Tout passe; L'espace Efface Le bruit.
Victor Hugo
oasien
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Jeu 17 Fév - 0:14
Dans le poème "Crépuscule", on remarque que le poète essaie de mettre en parallèle l'amour et la mort, la lumière et le noir. Le crépuscule est le moment qui sépare le jour de la nuit. Dans le ver : L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants" on remarque la vie qui précède la mort, car celui qui dort est comme si il est mort, ne dit-on pas que le sommeil est la petite mort? Tandis que "Les Djinns" est écrit dans un contexte oriental, d'ailleurs on peut remarquer que Victor Hugo a employé le mot arabe pour désigner les diables. Le poème a un rythme bizarre, non habitué chez Hugo, des fois la voix devient accéléré qui monte et descend comme dans: Ce bruit vague Qui s'endort, C'est la vague Sur le bord ; C'est la plainte Presque éteinte D'une sainte Pour un mort. Victor Hugo est un des grands poète et romancier de la littérature non seulement française mais je peux dire humaine.
Domi Admin
Nombre de messages : 498 Date d'inscription : 02/05/2009
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Jeu 17 Fév - 0:31
Bonsoir Dalila . Je suis bien contente que tu aies réussi à poster ton poème. J'aime beaucoup le poème "crépuscule" . En règle générale, j'ai un penchant pour les vers en alexandrins. J'apprécie leur rythme .La première strophe est pesante et lugubre. Il parle de suaire. Puis le sujet devient plus léger. Il oscille sans cesse entre la vie et la mort, le jour et la nuit...Quant aux" Djinns" , je me souviens avoir appris ce poème. Il est plus lugubre que le précédent. Peut-être à cause du thème? Il a placé ce poème dans un recueil intitulé "les orientales". Les Djinns sont des démons en Orient.Les sonorités sont fortes et évoquent les bruits et les sauts. "...Qui tonne et qui roule Et tantôt s'écroule Et tantôt grandit." Les vers, parfois composés de deux mots, évoquent la rapidité de ses esprits qui s'enfuient aussi vite qu'ils sont venus. Je me souviens encore très bien de certains vers. C'est fou ce que nous pouvons être marqués par les textes que nous avons appris à l'école ou au collège.Est-ce pace qu'ils sont souvent associés à des souvenirs précis? Ta dernière photo est très belle.
Invité Invité
Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Jeu 17 Fév - 0:34
Bonsoir Khalil, Oui on dit que le sommeil est "la petite mort " j'ai déjà entendu ce terme. J'aime beaucoup ce poème "le crépuscule" et pourtant je n'aime pas évoquer la mort ,mais dans un poème c'est différent ,comme dans ceux de Lamartine. Le deuxième poème,moi aussi j'ai été étonnée en le lisant . Des passages me donnent me donnent des frissons . Tu sais bien analyser la poésie . Bonne nuit à Toi ,à Domi ,à notre Tamy ,puis aux visiteurs.
Domi Admin
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Sujet: Re: Demain dès l'aube, Victor Hugo Jeu 17 Fév - 0:38
Bonsoir Khalil, nous avons écrit en même temps et je m'aperçois que tes impressions rejoignent les miennes. Tu as raison, le poème est dynamique. Tout comme la rumeur des Djinns qui enfle puis qui retombe. Bon, ce n'est pas un sujet très gai avant d'aller se coucher. Mais il mérite d'être développé, surtout par rapport aux Djinns qui sont des "créatures" évoquées dans le coran. Bonne nuit à vous deux.
Dernière édition par Domi le Jeu 17 Fév - 0:50, édité 2 fois